Insider trading sur Polymarket : les précautions à prendre sur les marchés prédictifs

Les marchés prédictifs comme Polymarket sont en train de devenir un véritable baromètre temps réel de l’économie, de la politique et bien d’autres sujets sociétaux. Mais cette montée en puissance attire aussi un autre type d’acteurs : ceux qui disposent d’informations privilégiées. Entre soupçons d’insider trading liés à Google et spéculations autour d’OpenAI et de ChatGPT, la frontière entre l’information et le délit devient floue.

Polymarket sous pression face à une multiplication du trading d’insiders

Polymarket a changé d’échelle en 2024–2025 : la plateforme a révélé avoir levé 205 millions de dollars lors de deux tours jusque-là confidentiels, avant un investissement stratégique de 2 milliards de dollars de l’opérateur boursier ICE (maison mère du NYSE), la propulsant à plusieurs milliards de valorisation. Cette hyper-croissance s’accompagne d’une explosion des volumes, débouchant sur de nouvaux enjeux réglementaires. Par exemple, la France est l’un des pays ayant récemment interdit la plateforme.

Début décembre 2025, un trader aurait empoché plus de 1 millions de dollars en 24 heures sur des marchés liés au classement annuel « Year in Search » de Google. Selon Forbes et d’autres observateurs, les paris semblent avoir été passés alors que des données de Google auraient été brièvement accessibles avant leur publication officielle, faisant craindre l’usage d’informations non publiques.

Dans le même temps, des chercheurs et analystes ont signalé d’autres paris qui seraient trop précis pour être honnêtes, notamment autour d’achats de bitcoins par MicroStrategy ou d’autres annonces d’entreprise. Ces épisodes alimentent la perception que Polymarket devient un terrain de jeu idéal pour ceux qui disposent d’un temps d’avance informationnel

OpenAI et ChatGPT : des opportunités sur Polymarket pour les employés ?

L’essor fulgurant d’OpenAI nourrit une constellation de marchés Polymarket : date de sortie de GPT-5, performance sur des benchmarks, lancement de nouveaux produits, voire probabilité d’IPO avant telle date. Pour des employés ou partenaires disposant d’informations internes sur la roadmap, ces marchés représentent de nouvelles opportunités.

Sur X, certains analystes affirment suivre un « cluster God Mode » de portefeuilles Polymarket qui parieraient de façon remarquablement précise sur des évènements OpenAI, donnant l’impression de traders très proches des décisions internes de l’entreprise.

Rien ne prouve publiquement que des employés d’OpenAI enfreignent la loi, mais la simple existence de ces soupçons illustre la vulnérabilité structurelle des marchés prédictifs face à toute organisation très scrutée.Le contexte rend la question encore plus sensible : OpenAI vient tout juste d’atteindre une valorisation d’environ 500 milliards de dollars via une vente secondaire de 6,6 milliards de dollars d’actions, offrant une liquidité massive à ses salariés et anciens salariés.

Ainsi, dans un tel environnement, la combinaison d’informations internes, l’argent facile et les marchés simple d’accès comme Polymarket crée un risque d’insider trading perçu comme élevé par les régulateurs et les auditeurs de conformité. Par ailleurs, KPMG rappelle justement que l’utilisation d’informations non-publiques sur des contrats d’événements peut sérieusement fausser l’intégrité de marché et exposer les acteurs à des sanctions lourdes.

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